PERPETE

Le temps nous fout en l’air. Personne ne se charge de la transmutation. On se ballade les mains dans les poches. Une clop au bec et les idée rances. A ruminer n’importe quoi tout le temps. Histoire de drugstore. Tout petit voyez-vous il ne savait pas quoi faire pour se rendre intéressant. Et voilà le résultat. Déjà les mouches qui tournent. Du sang plein les mains. Du sang invisible, impossible à laver. Dire qu’il lui a fallu un filigrane de conscience pour tout gâcher. Même le printemps.

Le père avait fait la guerre d’Algérie. Manque de pot, il n’en est pas mort, il est vieux maintenant et aucun monument aux morts pour perpétuer son nom. Un nom déjà difficile à prononcer. Des chemises toujours bien repassées, un sac à main plein de cartes bleues et des charcuteries fameuses au bout de ses pas. Des saucissons à cuire, des pâtés en croûte, des bouteilles de rouge mais rien à bouffer pour son âme. Que des cochonneries. Haine.

Le premier jour, il est tombé de la poussette directement dans la mare. Ce n’est pas drôle mais humide. Il pissera au lit jusqu’à vingt ans. Et puis encore une fois par décennie. La paix, qu’on la lui foute. Les murs autour et encore les murs. Automatique, gâchette, cache-cache.

Disparaître aux yeux de tous, mais les voir tous. Pas donné à tout le monde, mais volé à chacun. Hermes, dieu des voleurs, s’est barré avec la pierre philosophale. Depuis, silence. La science devrait trouver le secret tôt ou tard. Mais on attend toujours, talonné par les soutanes et les fêtes religieuses.

Alors il météorise son angoisse existentielle en lâchant des bombes anales chargées de déchets transgéno-actifs.
Mais grâce à Dieu, il ne prend pas encore d’anxiolitiques

USAGE ET TRAFIC DE MOTS

Ecrire. Saisir l’essentiel à dire chaque jour. Partir de l’enchevêtrement des neurones derrière les yeux. Atteindre leurs terminaisons les plus complexes épiant sous le derme. Et filer inlassablement cette ligne d’écriture noire, comme si on mettait toute sa vie dans ce minuscule jet sporadique devenu filon de soi.

Lire. Faire le chemin inverse. Capter les couleurs et les rythmes contenus dans l’image stoppée net des mots. Devenir leur acteur dans la grande représentation intérieure de l’être. Extraire un peu de conscience de l’autre.

SATANE SAM

C’était pas ton heure

Cette heure perdue dans le néant

Noyée de pleurs

Pleurée de noix

Cette heure freinée verticalement

équitablement

d’être là un homme rouge t’avait dit merci

pourtant petit comme un oiseau lézard

une becquée un simple alizé

As-tu été heureux

Heurtant eureka pourquoi pas

Je sais pas tant peur j’avais

Du leurre agité au bout d’un gant

Enfilé par une main

Dans l’autre des noix

Données aux passants

En plus de l’heure-dinaire

Or dernière

Or ni car

Mais où est donc passé

ce satané Sam